Depuis septembre 2022, les entreprises québécoises s’exposent à des sanctions financières inédites en cas de non-respect des nouvelles obligations en matière de protection des renseignements personnels. Plusieurs organisations, pensant disposer d’un délai de grâce, découvrent que la période transitoire ne concerne pas l’ensemble des exigences.Certaines mesures, comme l’évaluation des facteurs relatifs à la vie privée, s’appliquent à tous les traitements automatisés, y compris ceux déjà en place. Les amendes peuvent atteindre 4 % du chiffre d’affaires mondial, une première au Canada.
Loi 25 : ce qui change pour la protection des renseignements personnels
La loi 25 redistribue totalement les cartes de la protection des renseignements personnels au Québec. Inspirée par l’approche du RGPD européen, elle impose à toutes les entreprises et organismes publics un encadrement beaucoup plus rigoureux en matière de gestion des données. Avec la Commission d’accès à l’information du Québec (CAI) en vigie, transparence et responsabilité deviennent incontournables.
Les temps où quelques paragraphes bien placés suffisaient pour être tranquille sont derrière nous. Désormais, chaque organisation doit désigner un responsable de la protection des renseignements personnels. Il ne s’agit plus de gérer quelques dossiers : le rôle consiste à anticiper les risques, mettre en place des politiques adaptées et former toutes les équipes. La transparence n’est plus une option, et chaque citoyen a désormais le droit de savoir précisément ce que deviennent ses informations : mode de collecte, usages, conservation et communication.
Pour rendre ce virage concret, la loi impose plusieurs grands principes à ne pas sous-estimer :
- Consentement explicite : chacun doit donner son accord de manière libre, manifeste et pour chaque utilisation de ses données.
- Portabilité : toute personne peut récupérer ou transférer ses informations personnelles dans un format structuré et uni.
- Anonymisation ou destruction : dès lors que les données ne servent plus à rien, il faut les supprimer ou les anonymiser pour de bon.
- Gestion des incidents : tenez à jour un registre complet et informez rapidement la CAI ainsi que les personnes touchées en cas d’incident sérieux.
La vie privée ne se limite donc plus à l’affichage d’une politique standard. Les fournisseurs et sous-traitants doivent eux aussi répondre à ces obligations, sous peine de sanctions. Toute faille, qu’elle vienne de chez vous ou d’un partenaire, peut entraîner une intervention musclée de la Commission d’accès à l’information du Québec.
Qui doit se conformer et quelles sont les obligations principales ?
Impossible d’y échapper : la loi 25 vise l’ensemble des entreprises et organisations publiques présentes au Québec. La simple collecte ou stockage de données personnelles de citoyens québécois vous place dans le radar de la Commission d’accès à l’information du Québec (CAI).
Le passage obligé commence par la désignation d’un responsable de la protection des renseignements personnels. Cette personne supervise la conformité, corrige les écarts, pilote la rédaction de procédures concrètes et traite toute demande d’accès ou de rectification. Un autre pilier : la politique de confidentialité, claire, accessible, sans phrases vides ni jargon inutile, qui décrit chaque étape de gestion des données.
Le principe du consentement devient central. Impossible de le collecter « en vrac » : chaque usage, chaque finalité requiert un accord formel. Les citoyens réclament en plus la portabilité de leurs données, voire leur destruction ou anonymisation à la première occasion.
L’organisation doit aussi garder un registre détaillé des incidents de confidentialité et déclencher, en cas de problème, une notification immédiate à la CAI ainsi qu’à toute personne concernée. Ici, former chaque membre à la sécurité de l’information n’est plus réservé aux experts. Toute négligence, à quelque étage que ce soit ou chez un fournisseur, se paie cher.
Étapes clés pour instaurer une conformité efficace dans votre organisation
Pour inscrire la conformité à la loi 25 dans l’ADN de votre structure, plusieurs démarches doivent s’enchaîner méthodiquement.
La première étape : nommez un responsable de la protection des renseignements personnels. Ce référent centralise l’information, supervise les politiques internes et répond aux interrogations de l’équipe. Chaque traitement des données personnelles doit être formalisé et mis noir sur blanc.
En parallèle, il est indispensable de rédiger une politique de confidentialité claire et à jour, disponible en quelques clics sur vos plateformes. Ce document précise comment l’organisation collecte, conserve, utilise et communique les renseignements, ainsi que les démarches pour accéder, modifier, transférer ou effacer ses propres données.
Impossible de faire l’impasse sur la sensibilisation : l’ensemble du personnel doit être initié aux enjeux de la cybersécurité et à la gestion des informations confidentielles. Un seul maillon faible peut entraîner une fuite, une sanction, voire une crise de confiance.
Se préparer aux imprévus passe par un plan d’urgence robuste. Plusieurs points sont à intégrer :
- Organisez la création et la mise à jour d’un registre des incidents.
- Anticipez la notification rapide de la CAI et des parties touchées si un préjudice est détecté.
- Facilitez la circulation de l’information en interne pour limiter toute propagation des conséquences.
Les solutions numériques ne manquent pas pour simplifier la démarche. Une plateforme de gestion du consentement (CMP) automatise la traçabilité, tandis qu’un outil dédié comme DOT Anonymizer élimine le risque de réidentification lors de l’anonymisation.
Enfin, réfléchissez à l’ensemble de vos sous-traitants. L’intégration de clauses spécifiques dans les contrats s’impose pour garantir la protection des renseignements. Choisir un partenaire peu scrupuleux, c’est courir le risque d’entraîner son propre navire dans la tempête.
Risques, sanctions et bonnes pratiques pour anticiper les contrôles
Personne n’a envie de devenir l’exemple cité dans les médias pour une gestion désinvolte de la protection des renseignements personnels. Les montants en jeu frappent fort : jusqu’à dix millions de dollars ou deux pour cent du chiffre d’affaires mondial en constat administratif, et jusqu’à vingt-cinq millions ou quatre pour cent en cas de poursuites pénales. La Commission d’accès à l’information du Québec (CAI) ne transige plus.
Les prérogatives accordées à chaque citoyen se sont élargies : accès total à ses informations, rectification, effacement, déréférencement, portabilité. L’omission, le retard ou l’à-peu-près suffisent pour enclencher une vérification. Afficher une politique ne suffit plus, il s’agit de tout prouver : procédures, historiques, registres, la conformité se vit dans les faits.
Le niveau de préparation se voit justement là : dans la capacité à produire des traces concrètes. Lors d’un contrôle, impossible de s’inventer une traçabilité de dernière minute. Les contrôleurs regardent au fond des registres, observent la gestion des consentements, passent au crible les processus de suppression ou d’anonymisation, et vérifient les contrats avec chaque sous-traitant. Il faut que la protection de la vie privée habite chaque geste de la chaîne.
Pour aller au-delà du minimum légal, adoptez ces mesures efficaces :
- Actualisez régulièrement vos procédures et registres : démontrez votre rigueur lors d’un audit, documents en main.
- Prévoyez des circuits de réponse clairs et efficaces pour traiter toute demande (accès, rectification, suppression, etc.).
- Mettez vos dispositifs à l’épreuve : recueil du consentement, effacement des données et tests des mécanismes d’anonymisation doivent tenir sous pression.
La loi 25 ne s’arrête pas à une conformité de façade. Elle transforme durablement les pratiques et la culture de tous types d’organisations. Se saisir pleinement de cette évolution, c’est gagner la confiance des citoyens et faire de la protection des données un avantage réel. Rester en mouvement et refuser le statu quo : c’est peut-être là que se jouera la force des organisations de demain.

