En 2023, près de 60 % des annonces en cybersécurité imposaient une expérience professionnelle préalable, alors même que le secteur fait face à une pénurie mondiale de spécialistes. Certaines offres exigent jusqu’à cinq certifications techniques, tout en affichant des salaires inférieurs à la moyenne des autres branches informatiques. Les profils juniors, pourtant formés et diplômés, voient leurs candidatures écartées dès la première sélection.Des entreprises peinent à sécuriser leurs systèmes faute de talents, tandis que des centaines de postes restent ouverts plusieurs mois. Ce paradoxe freine l’innovation et aggrave l’exposition aux cybermenaces.
Cybersécurité : un secteur en pleine tension face à la pénurie de talents
La cybersécurité aborde une période charnière. Les attaques se multiplient, les besoins explosent, mais le marché de l’emploi continue de montrer un déséquilibre net : le déficit de talents s’aggrave en France, à Paris ou à Lyon, comme dans le reste du pays. Les entreprises lancent un appel constant pour dénicher des profils pointus capables de défendre leur infrastructure face à des menaces de plus en plus habiles.
Dans ce contexte, la pénurie de talents en cybersécurité n’épargne pas les sociétés plus petites. Les PME, souvent laissées à l’écart, font face à la compétition féroce des géants qui raflent la majorité des talents en cybersécurité. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : près de 15 000 postes non pourvus chaque année rien qu’en France, et cette tendance ne s’arrête pas à nos frontières, toute l’Europe est concernée.
Voici les enjeux concrets qui structurent ce secteur :
- Demande explosive en recrutement pour les métiers spécialisés de la cybersécurité
- Profils correspondant aux attentes devenus rares, face à des critères de sélection qui ne cessent de grimper
- Lutte permanente entre entreprises, à Paris, Lyon et ailleurs, pour dénicher les meilleurs spécialistes
La pression monte d’un cran. Pour attirer ces profils, certains employeurs tentent des approches inédites, d’autres recrutent via des chasseurs de têtes ou repensent entièrement leur politique RH. Sans renfort de compétences dans les emplois du domaine, difficile de maintenir l’innovation et la souveraineté numérique. Le secteur est au pied du mur : il va falloir rendre cette filière plus attirante pour ne pas rester à la traîne.
Pourquoi tant d’obstacles pour décrocher un emploi dans la cybersécurité ?
Cet écart intrigue. Les difficultés de recherche d’emploi dans le secteur de la cybersécurité continuent de se creuser, alors qu’on recense des centaines d’offres. La réalité, c’est que la plupart des employeurs exigent des compétences techniques de haut niveau, validées par des certifications recherchées ou des cursus parfois élitistes. Les formations en cybersécurité ne suffisent plus à répondre à la demande, et beaucoup de recruteurs privilégient les parcours balisés. Résultat : le chemin d’accès au secteur se hérisse d’obstacles pour de nombreux candidats, en particulier ceux en reconversion.
Les profils recherchés ont bien changé : il n’est plus simplement question d’un spécialiste informatique cloîtré derrière son écran. Aujourd’hui, la diversité règne : spécialistes sécurité informatique, responsables conformité, pentesters, analystes SOC… Il faut jongler avec les enjeux réglementaires, maîtriser des architectures techniques complexes, anticiper des menaces qui changent constamment. Pour sélectionner leurs futurs collaborateurs, les entreprises multiplient les étapes : tests, études de cas, entretiens techniques parfois sans fin.
Les recruteurs s’attardent sur plusieurs compétences clés, qui peuvent véritablement changer la donne :
- Maîtrise rigoureuse des systèmes d’information et de la gestion des risques
- Excellente connaissance des outils d’analyse et de détection d’incidents
- Aptitude à naviguer dans l’univers des normes et réglementations
Dans le domaine de la cybersécurité, l’improvisation n’a pas sa place. Les entreprises recherchent des profils capables de s’ajuster en permanence, face à des menaces qui évoluent à toute allure. L’exigence, la spécialisation, la capacité à apprendre sur le tas : voilà le nerf du jeu pour les candidats comme pour ceux qui recrutent.
Des pistes d’action pour renforcer l’attractivité et l’accès aux métiers de la cyber
Qu’il s’agisse du secteur public ou du privé, partout se dessine un manque de talents qui n’est plus contesté. Des initiatives sont lancées pour résorber la pénurie de compétences, mais le fossé reste large, surtout pour les métiers de la détection et de la gestion des incidents. Les rapports sur l’évolution des métiers pointent plusieurs leviers d’action.
Voici quelques axes concrets susceptibles de changer la donne pour toute la filière :
- Faciliter les passerelles entre les métiers techniques et la cybersécurité, de manière à attirer des professionnels venus d’autres horizons
- Valoriser et expliquer ces métiers dès le lycée et jusqu’au supérieur, afin de susciter de nouvelles vocations très tôt
- Adapter les dispositifs de formation continue pour permettre aux salariés ayant déjà de l’expérience en informatique de se spécialiser graduellement
Tant que les PME et les acteurs locaux se heurteront à la force d’attraction des plus grands groupes, le déséquilibre perdurera. Rendre l’accès à la formation, à l’alternance et au mentorat plus simple et plus direct peut changer la donne. Un réseau d’ambassadeurs expérimentés, issus du terrain, aurait toute sa place pour faire connaître ces parcours et tordre le cou aux idées reçues, surtout loin des métropoles.
Diversifier les profils, reconnaître les compétences forgées en autodidacte, alléger le parcours de recrutement : ces leviers, s’ils sont déployés sans attendre, pourraient rééquilibrer les forces. La cybersécurité a besoin d’acteurs diversifiés et soudés pour tenir tête aux risques croissants, quelles que soient les contraintes techniques ou les environnements.
Trois constats s’imposent : la cybersécurité réclame une énergie nouvelle, s’appuie sur des stratégies créatives et a tout intérêt à s’ouvrir davantage aux parcours atypiques. La bataille pour la sécurité numérique a déjà commencé. Sera-t-on capable d’y répondre ?